Requiem pour la voix d’or de Johannes Ockeghem

Samedi soir, je suis allée à un concert donné par l’ensemble Diabolus in Musica, qui se concentre uniquement sur la musique du Moyen-Âge et de la Renaissance. Ils ont tiré leur nom d’un principe de la théorie de musique au Moyen-Âge : « Mi contra fa est diabolus in musica. » (C’est-à-dire qu’on considérait que l’intervalle Mi-Fa – c’est Fa-Si en solfège moderne, la quarte augmentée – était celle du diable, et qu’il fallait l’éviter.)

L’ensemble interprète la musique médiévale depuis 20 ans. Ils travaillent directement sur les sources primaires, et ils cherchent à donner un contexte historique à ces œuvres souvent oubliées.

Le concert de samedi soir, qui s’est inscrit dans le cadre de l’exposition actuelle « Tours 1500 », était consacré aux morceaux écrits en hommage à Johannes Ockeghem, grand musicien et compositeur de la Renaissance, sur l’occasion de sa mort :

  • Plorer, Gémir, Crier (Pierre de La Rue)
  • In Hydraulis(Antoine Busnoys)
  • Ergone Conticuit (Johannes Lupus)
  • Nymphes des Boys (Josquin Desprez)
  • Missa Sicut spina rosam (Jacob Obrecht)

En plus, le chef de choeur, Antoine Guerber, lisait des extraits de la Déploration sur le trespas de feu Ockergan, Trésorier des Sainct Martin de Tours de Guillaume Crétin entre chaque morceau. Les lectures étaient en moyen français, et j’étais très heureuse de me rendre compte de pouvoir les comprendre, grâce aux cours de l’histoire du français !

Le concert a eu lieu à la cathédrale Saint-Gatien ; la nuit était tombée, et la cathédrale était toute noire sauf les cierges dans ses chapelles et la réverbération faible des lumières qui illuminaient sa façade. Pour le premier morceau, le chœur chantaient dans l’obscurité. J’étais presque au dernier rang des spectateurs, et sans pouvoir ni voir les choristes ni – grâce aux échos – déterminer le point d’origine du son, j’avais comme l’impression que c’était l’église qui chantait. Personne ne bougeait ; nous étions tous envoûtés. C’est un concert dont je me souviendrai toujours.

Si vous voulez écouter l’ensemble Diabolus in Musica, vous pouvez trouver leurs albums sur Amazon.com ; les albums MP3 permettent d’écouter des extraits.

This entry was posted in i- Découverte de la semaine (23 mars). Bookmark the permalink.

One Response to Requiem pour la voix d’or de Johannes Ockeghem

  1. nicola says:

    Votre expérience est absolument fascinante. J’aurais bien voulu y être. Et puis merci des explications, c’est très intéressant.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *