Pourquoi parler joliment?

Souvent, la musique que nous chantons dans la chorale est destinée aux anglophones.  Les notes, les instructions, les paroles – tout est en anglais.  C’est peut-être pour ça que je n’ai pas fait grand cas du fait qu’on ne prononce pas correctement les paroles estoniens ou hongrois ou suédois ; la clé des prononciations est en anglais, et elle fait référence aux mots anglais pour expliquer les sons qu’il faut produire.  Par exemple, la lettre ä en izhorien (une langue qui s’apparente au finnois) se prononce [æ] comme dans cat en anglais, mais les français dans la chorale disent [e] comme dans clé ou skate.  Il n’est pas étonnant que les gens qui ne parlent pas parfaitement l’anglais fassent une telle erreur.

 

Cette semaine, nous avons travaillé en pupitres sur cette chanson izhorienne.  Comme le travail en pupitre est plus intime que le travail en chorale, nous avons tendance à bavarder un peu plus que normale (euhhh… voire beaucoup plus), et j’ai remarqué à ma voisine qu’on ne prononce pas bien ce son [æ].  Étant prof d’anglais, elle a vu tout de suite ce que je voulais dire, et elle a attiré l’attention des autres sur la différence entre le son qu’on produisait et celui qu’on devait produire.  À notre grande surprise, bien qu’elles aient pu (pour la plupart) entendre la différence, elles n’arrivaient pas toutes à le reproduire.  Pour Sophie et moi, c’est un son naturel, facile à produire, mais pour elles c’était un son étranger.

 

Puis je me suis souvenue du moment où j’ai découvert la différence entre les sons  « ai » et « é » en français (comme dans serai et serré).  Je les avais prononcés de la même façon, je n’avais même pas entendu une différence entre les deux ; mais en fait « ai » se prononce [ɛ] (comme dans wreck en anglais) alors que « é » se prononce [e] (plus ou moins comme dans rake en anglais).  Même maintenant que je connais la différence et que je peux la reproduire, je l’oublie souvent si je n’y fais pas très attention.

 

Ces deux expériences m’ont rendu un peu parano : y a-t-il des sons que je prononce mal sans le savoir ?  Y en a-t-il que je n’entends même pas ?  Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais il est très important pour moi de perfectionner mon accent.  Je sais qu’un accent étranger n’empêche pas la compréhension, et que mon accent est déjà assez bon ; mais je ne peux pas m’arrêter de m’en occuper.

 

Pourquoi est-il important d’avoir un bon accent ?  Je vous le demande parce que moi, je n’arrive pas à le préciser.

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One Response to Pourquoi parler joliment?

  1. MOURAD 3570 says:

    L’accent, une nécessité grammaticale ou un phénomène d’identité ?
    Si on détermine l’accent comme la façon d’ont on prononce les mots, les voyelles et les consonnes d’une manière grammaticale correcte ; avoir un bon accent dans ce sens devient une nécessité. Car on ne peut pas établir une conversation si les gens n’arrivent pas à comprendre ce qu’on vient de dire. Dans ce cas il ne s’agit pas de parler joliment mais de parler correctement.
    Mais si notre accent ou notre façon de parler n’affecte pas la compréhension, l’accent devient seulement une marque ou une signature personnelle qui présentait notre identité. Les Français, eux-mêmes, ont de différents accents : l’accent des Parisiens est diffèrent à celui des habitant de Marseille ou de L’ile. C’est facile de distinguer un American, un Canadien, un Sénégalais ou un Marocains de leur accent de leur façon de parler. L’accent comme une marque d’identité est une source de fierté. Parfois même on considère quelques accents qui sont charmants et excitants. C’est dans ce sens qu’il s’agit de parler joliment.

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