« Photographies à l’œuvre »

Le weekend dernier, je suis allée au château de Tours pour voir une exposition qui s’appelle « Photographies à l’œuvre » et qui présente des photographies, des vidéos et des documents qui témoignent la reconstruction des villes françaises après la Seconde Guerre mondiale.  Il était très intéressant de voir les photos des villes expérimentales comme Noisy-le-Sec dont les maisons étaient toutes préfabriquées.  J’ai grandi moi-même dans ce genre de maison – comme toutes les maisons dans mon quartier, la nôtre était bâtie en toute hâte dans les années 40 ou 50 (je ne suis pas sûre de la date précise) pour répondre aux exigences d’une population croissante.  Il était un peu bizarre alors de voir des photos d’une banlieue de Paris qui ressemblait tellement à une banlieue de Détroit!

Ce qui m’a frappée le plus, c’étaient les photos des logements en mauvais état — on les appelait les « habitats défectueux » — et les portraits des gens qui les habitaient.  Souvent il y avait huit ou dix personnes qui vivaient dans une même chambre, ou plusieurs familles qui partageaient un seul appartement.  Quand j’étais étudiante, je partageais un appartement de deux étages (c’était une des maisons de ville dans le lotissement de Campbell Hill à Bowling Green) avec trois autres étudiantes, et nous nous pensions trop nombreuses ; je ne peux même pas imaginer vivre avec une dizaine d’autres personnes dans une ou deux chambres.  Ces images m’ont fait penser aux conditions de vie dans les villes industrielles au milieu du 19e siècle, ou à New York au tournant du 20e siècle.  Au moins, en France, le gouvernement, représenté à l’époque par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU, aujourd’hui ministère du Développement durable), a essayé d’améliorer autant que possible les conditions insalubres dans lesquelles vivaient tant de personnes ; en Angleterre et aux États-Unis, à part quelques associations caritatives, on préférait plutôt faire semblant de ne pas voir les aspects désagréables de la vie ouvrière.

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2 Responses to « Photographies à l’œuvre »

  1. Christian Lengyel says:

    Il est intéressant de voir la similitude entre ces maisons et les appartements à New York lors de la fin du 20ème siècle 19ème et du début. Les deux étaient de petite taille et plein de gens. Avez-vous trouvé une de ces similitudes?

  2. Gwyneth says:

    Oui — en fait, il y avait dans l’exposition un exemplaire de How The Other Half Lives de Jacob Riis, un journaliste qui était connu pour ses photos des immeubles insalubres à New York à la fin du 19e siècle. J’ai bien remarqué la ressemblance entre les photos dans son livre et celles au château de Tours ! J’avais lu des extraits de How the Other Half Lives, mais je n’avais jamais vu ses photos avant d’aller à l’expo. Il y avait quelques photos du MRU qui s’intégreraient parfaitement dans le livre de Riis ; effectivement, certains de ces gens étaient tellement indigents qu’ils vivaient comme les pauvres de 60 ou 70 ans avant.

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